Hampi

Goa c’est bien agréable, mais à la longue ça devient fatigant de se « détendre ». Je prends mes clics et mes clacs et me prépare pour Hampi. Ville qui est tout simplement un joyau architectural dans un paysage aride de collines rocailleuses. J’emprunte les fameux trains-couchettes pour m’y rendre et constate que le foutoir des trains en Inde n’est pas une légende. Ici, effectuer un voyage en train ressemble plus à un désastre... mais on s’adapte parce qu’il parait que l’on vient pour ça. On se débrouille... « Jugaad » comme on dit en Hindi. Cesse de bavardage, rentrons dans les hostilités :

Tout d’abord, ou plutôt, après avoir patienté trop longtemps dans la queue, il faut choisir sa classe : 3AC, 2AC, 1AC, SL, CC, 2S, FC, EC. Attention, car sur ce coup-là, il faut être stratège. Prendre la classe la moins chère revient à dire adieu au peu de confort qui nous est offert et à squatter sur 30cm de banquette en bois avec la chèvre du voisin sur les genoux. Si on met quelques roupies de plus, on remplace la chèvre par les gosses de la voisine et si on essaye d’économiser, il ne faut surtout pas taper dans la première classe. Inutile de préciser que, pour ma part, mon choix était très hasardeux.  Ensuite, il faut se rendre sur le quai et jouer à l’équilibriste pour enjamber les mendiants et autres personnes dormant par terre. Une fois que l’on se trouve sur le quai, il faut trouver le BON quai ! Parce que, ou les panneaux d’affichage ne fonctionnent plus, ou les infos ne sont pas toutes communiquées. Après ça il faut trouver le wagon, et c’est à ce moment précis qu’on se rend compte que le train est tout simplement immense. Chaque jour, 23 millions de personnes se déplacent grâce au rail. Inévitablement, ça se ressent. Quand on monte dans le train, il faut se battre pour arriver jusqu’à sa banquette, ce qui laisse place à une vraie guerre du genre: cherche pas, c’est moi qui passe, écrase-toi sur le côté ou monte sur l’accoudoir pour me laisser passer. Une fois sain et sauf, on peut constater que l’intérieur du train ressemble à un vieux bus qui a trop roulé. Bien trop roulé. Pour ma part j’étais privilégié, car j’ai choisi une classe avec air conditionné (par chance), mais ça n’a pas empêché d’entendre crier le vendeur de thé toutes les 15 minutes suivi de son copain vendeur de snacks, suivi de son copain vendeur de bouteilles d’eau suivi du mendiant. Il y a du bruit, ça pue, ça bouge, c’est sale, et pour couronner le tout, ma voisine a versé son Chicken sauce Masala sur la banquette pour manger plus facilement. Je regarde par la fenêtre avec un certain regard fuyant et anxieux. Je remarque alors un panneau indiquant : « Touristes, n’acceptez jamais à boire ou à manger d’un inconnu, il est possible qu’il y ait de puissants somnifères pour vous dépouiller ». Mon visage se décompose peu à peu. Je m’agrippe à mon sac, regarde autour de moi pour analyser la situation. La femme près de moi et le vieux monsieur en face à la chemise tachée me regardent, le type rote, et s’allonge pour une sieste. À vrai dire, ils n’ont pas l’air bien méchants, mais j’ai quand même 12h à tenir dans ce fichu train.

 

 

Enfin un wagon calme de trouvé !
Enfin un wagon calme de trouvé !

Hampi c’est chouette. Cette ville longtemps oubliée à cause de l’invasion musulmane dans le sud était une véritable citée d’or. Elle fut érigée au XVIe par la dynastie des rois bâtisseurs qui donnèrent une dimension colossale à la ville. L’or attire la convoitise, cinq sultans musulmans du nord s’allient pour l’occasion. C’est le choc des titans. Pillée, brulée, dévastée, cette ville s’est quasiment fait rayer de la carte. Mais voilà que Hampi ressort de ses cendres classée patrimoine mondial de l’UNESCO il y a quelques années, cette ville entière est devenue une antiquité. La trace de l’Homme moderne n’est pas, ou quasiment pas présente. Une multitude de temples sont dispersés sur de vastes plaines rocailleuses et collines environnantes sur une superficie de 33km2.  Le site laisse une atmosphère mystique à travers ses bâtisses désertes dans une végétation tropicale. 

À peine arrivé au village, je lâche mon sac à dos et pars énergiquement dans le premier chemin qui vient à moi. Je marche quelques minutes sur un chemin bordé de collines de roche rouge, de petits cocotiers et de bananiers. Concentré sur le sentier, je lève la tête et découvre un temple immense dressé au centre d’une plaine environnée de plantes luxuriantes. Le soleil va bientôt se coucher, je m’empresse vers cette majestueuse bâtisse et découvre un véritable site historique. Le lieu est désert, comme si l’homme n’était pas venu depuis des années, abandonnées, mais à l’allure grandiose et impériale. J’ai même l’impression d’avoir découvert une cité perdue et j’ai envie de brailler ma trouvaille au village. Après quelques instants, je vois un mec un peu âgé qui sort de je ne sais où, torse nu et vêtu d’une sorte de nappe blanche à la taille et me demande le chemin du village. Je reviens à moi, je n’ai rien découvert du tout, mais c’est stylé quand même, alors je rentre avec des étoiles plein les yeux.

 

Je passe ici quelques jours à me perdre dans les environs, à faire une partie du voyage avec un chouette type espagnol et à flâner dans ces longues plaines désertes et autres temples au bord de l’eau. La région étant très pauvre, des locaux fascinés par mon appareil photo me demandaient de les prendre en photo, vite accompagnés de 10 personnes qui s'empressaient de s'ajouter dans le champ de la caméra. Je me prenais au jeu, leur simple réjouissance de se voir numériquement procurait de l'optimisme. 


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